Dans Les temps mauvais, Carlos Giménez aborde cette fois l’atroce guerre civile qui a préludé à la dictature de Franco, bouclant ainsi le cycle entamé avec Paracuellos.
Les temps mauvais
Madrid 1936-1939
Chez les militant⋅e⋅s radicaux⋅ales anarco-libertaires, la guerre civile espagnole endosse parfois un air de joyeuse ballade antifasciste où le romantisme et l’idéologie jouent en premières lignes. En première ligne, y avait de la tripe et de la misère.
Rien d’autre, n’en déplaise aux artistes crétins comme Aragon qui ont mythifié la guerre. Pas une guerre de poètes, une guerre. Giménez nous entraîne en plus de 200 pages et 45 historiettes dans une ville assiégée, mourante, divisée, malade et violente. L’album en noir et blanc nous fait suivre l’histoire de Madrid mais surtout celle de la famille de Marcelino, l’ouvrier plus tout jeune, sensiblement de gauche mais pas révolutionnaire, tellement gentil qu’il en est un peu lâche. Mais c’est surtout au travers des yeux enfantins de Marcelinito que la guerre et ses terribles anecdotes quotidiennes vont nous transporter dans un univers de peurs et de faims.
Bien mieux qu’un livre d’histoire, l’ouvrage raconte les famines, les bombardements nocturnes systématiques, les quartiers « rouges » et « fascistes », les combines pour survivre, la lutte des classes, les arrestations aléatoires, les règlements de comptes, l’imbécillité de l’homme armé… et les faiblesses des hommes, de tous les hommes. Cette BD, c’est l’histoire de la guerre en minuscule, la guerre telle qu’elle n’est jamais écrite dans aucun livre d’histoire, celle des peuples, du quotidien.
Les infos utiles
Titre : Les Temps mauvais, Madrid 1936-1939
Date de parution : 24/04/2013 | ISBN : 978-2-352-07304-8
Auteur : Carlos GIMÉNEZ
Traduction : Béatrice CORNIÈRE
Éditeur : Fluide Glacial
-Tricotin