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Gil Scott-Heron, La Dernière Fête

Gil Scott-Heron, La Dernière Fête

Avec les copains, on s’offre souvent des bouquins, cette fois-ci je vais vous causer de l’autobiographie de Gil Scott-Heron, La Dernière Fête, enfin pas tant une autobiographie ou des mémoires classiques qu’une série de tranche de vie, d’anecdotes, de réflexions, et ainsi une certaine vision de la société américaine vécu par ce poète, écrivain, musicien engagé afro-américain des années 60 à 90.

La Dernière Fête

Gil Scott-Heron est né un premier avril à Chicago en 1949, son père part assez vite en Écosse comme footballer professionnel. Il est élevé par sa grand mère dans le Tennessee, puis rejoint adolescent sa mère à New York pour s’installer chez un oncle dans le Bronx. Après son collège et lycée à New York où il se découvre un goût pour la littérature américaine, il poursuit ses études à l’Université Lincoln, une université noire en Pennsylvanie, où il travaille pour se payer ses études. En 1969 il publie son premier bouquin intitulé The Vulture, un polar qui dresse un portrait satirique de la société américaine et enregistre son premier album en 1970, Small Talk at 125th and Lenox, une collection de poèmes en spoken word.

Entre littérature et lutte pour plus de justice sociale, il raconte le début de sa carrière musicale et d’écrivain, les enregistrements de ces premiers albums (chroniqués ici), les tournées, sa famille, les évènements marquants tels les assassinats de Kennedy, de Lennon, ou du Dr King (comme les artistes noirs américains appellent Martin Luther King) mais aussi ses rencontres avec Bob Marley, Michael Jackson et surtout Stevie Wonder qui prend une place prépondérante dans le livre.

 

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GSH aura mis une vingtaine d’années pour écrire cette collection de souvenirs, sa motivation initiale était de raconter sa participation à la tournée Hotter Than July de Stevie Wonder fin 1980, début 1981. Il voulait livrer un témoignage direct, vécu de l’intérieur. Gil Scott-Heron n’avait pas l’impression que l’Histoire avait accordé à Stevie Wonder la reconnaissance pour son travail d’activiste.

Et cette motivation me fait aborder un point politico-historico-musico-truc que je ne connaissais pas avant la lecture de ce bouquin. En effet, Stevie Wonder a monté sa tournée Hotter Than July avec un objectif particulier : rendre hommage au Dr King, et cette tournée devait se terminer à Washington le 15 janvier 1981, date anniversaire de sa naissance (et ce, au même moment où Reagan le cowboy ultra-conservateur était élu président). Stevie Wonder militait pour que ce jour soit reconnu férié pour célébrer la mémoire d’un homme mort au service de la paix et des droits civiques. « Martin Luther King Day, en voilà une bonne idée ! ».

Comme GSH écrit : « Tout américain élevé dans un climat de mauvais traitements et de violence, qui suggérait qu’on pouvait surmonter des siècles de discrimination délibérée sans rendre la pareille à son oppresseur était plus qu’estimable, il était inestimable ».

D’ailleurs j’ai également appris que Happy Birthday de Stevie Wonder, dont la vidéo se partage allègrement sur les réseaux sociaux lors des anniversaires, est en fait écrite en hommage à Martin Luther King. Dixième titre de l’album Hotter Than July, elle célèbre l’anniversaire du Dr King, et revendique avec l’énergie du funk soul de Stevie Wonder la création d’un jour férié (le Marthin Luther King Day qui sera finalement voté en 1986).

C’est pourquoi Gil Scott-Heron pensait important de raconter son passé, afin de donner un contexte au lecteur et d’expliquer au mieux pourquoi il s’était retrouvé sur cette tournée. Ceci explique aussi pourquoi le livre n’aborde que très brièvement certains souvenirs de la période entre 1981 et sa mort.

Il existe donc des déséquilibres et des zones d’ombres. Il parle beaucoup de sa mère et de sa grand-mère, mais ne consacre qu’un bref passage aux femmes qui ont partagé sa vie et à ses enfants. Ses trente « dernières » années sont ainsi passées sous silence, y compris sa traversée du désert; les derniers albums, les périodes troubles de sa vie, comme la drogue qui l’a mené en prison à deux reprises, l’alcool, la violence domestique et le VIH. Celui que l’on surnomme le Parrain du Rap (Godfather of Rap) disparait en mai 2011 à 62 ans après avoir enregistré 17 albums studios, 9 lives, et écrit six livres.

Sur 290 pages, Gil Scott-Heron raconte au travers des tranches de vie, son époque et une épopée, avec humour, simplicité et une certaine modestie par souci de rester crédible. Une bonne traduction, (avec certains bémols), qui se lit bien, souvent avec le sourire. Le titre original : The Last Holiday, qui peut se traduire les dernières vacances, mais aussi par le dernier jour férié, prend tout son sens à la fin du livre.

Sur ce, je retourne à ma platine réécouter ses poèmes … et rappelez-vous : The Revolution Will Not Be Televised.

Les infos utiles

Titre : La dernière fête
Date de parution : Février 2014 |ISBN : 978-2823600742
Auteur : Gil Scott-Heron
Traducteur : Stéphane Roques
Editeur : Editions de l’Olivier

 

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