Une chanson, une histoire, un bouquin : « Grandola Vila Morena, le roman d’une chanson » cause d’une chanson, de son auteur et d’une révolution, celle des oeillets, replacée dans le contexte géo-politique à l’époque de la dictature de Salazar puis de Caetano.
Grandola Vila Morena, le roman d’une chanson
Une chanson, une histoire, un bouquin … pis tant qu’à faire, une chronique. Ca aurait pu être le titre d’une série de chronique, ça sonne bien, mais pour l’instant je n’ai qu’un seule bouquin sous la main qui réunisse les deux autres ingrédients : « Grandola Vila Morena, le roman d’une chanson » de Mercedes Guerreiro et Jean Lemaitre, aux éditions Aden.
Ce petit bouquin cause d’une chanson, de son auteur et d’une révolution. Mais d’une révolution un peu particulière : la révolution des oeillets (wiki). C’est un peu mon idéal romantique, une petite révolution quasi pacifique où finalement les soldats remplissent un rôle qu’ils devraient assumer plus souvent, servir et protéger le peuple, plutôt que des intérêts coloniaux ou économiques.
Cette révolution, ce soulèvement a eu besoin d’un coup de sifflet pour démarrer, et les forces armées portuguaises d’un signal pour se mobiliser ce 25 avril 1974. Ce fût une des rares chansons non-censurées d’un musicien honni de la dictature qui fut choisie : « Grandola Vila Morena de José « Zeca » Alfonso.
En 110 pages, les auteurs replacent le contexte géo-politique de l’époque sous la régime totalitaire et corporatiste de Marcello Caetano, héritier d’António de Oliveira Salazar qui mena au coup d’état; le choix de la chanson et sa diffusion sur les ondes de radio ; la biographie de Zeca Alfonso, antifasciste de la première heure, sa vie de musicien et d’activiste ; la création et l’enregistrement de la chanson, et son importance dans les luttes politiques et sociales du pays.
Cette chanson aura marqué le Portugal et le marque encore. Pour preuve, le public de l’assemblée national a ainsi interrompu le premier ministre portugais, peu connu pour sa bonne humeur, le 15 février 2013, alos qu’il s’apprétait à annoncer les mesures d’austérité demandées par la Troïka. Il commentera lui-même : « De toutes les façons dont une session peut être interrompue, celle-ci semble être de meilleur goût » (vidéo).
Elle commence ainsi :
Grândola, vila morena (Grândola, ville brune)
Terra da fraternidade (Terre de fraternité)
O povo é quem mais ordena (Seul le peuple ordonne)
Dentro de ti, ó cidade (En toi, ô cité)
Les infos utiles
Titre : Grandola Vila Morena, le roman d’une chanson
Date de parution : Avril 2014 |ISBN : 978-2805920653
Auteur : Mercedes Guerreiro et Jean Lemaitre
Editeur : Aden
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