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L’Affiche Rouge

L’Affiche Rouge

L’Affiche Rouge à la fois chanson bien connue et épisode marquant de la propagande collaboratrice de la deuxième guerre mondiale, est tout d’abord une affiche de propagande du régime de Vichy et de l’occupation nazie suite à l’arrestation et la condamnation à mort de ving-trois résistants du groupe Manouchian.

Le groupe Manouchian appartient au réseau de résistance Francs Tireurs et PartisansMain d’Oeuvre Immigrée et réalise des sabotages et « attentats » contre l’occupant nazi de 1941 à 1943. Il est composé de vingt-trois résistants communistes, dont vingt étrangers, des juifs (qui ont échappé aux raffles dont celle du Vel d’Hiv), des espagnols (réscapés de l‘Espagne franquiste ), ainsi que des italiens et des arméniens antifascistes. Il est dirigé par Missak Manouchian intellectuel et poète français, lui-même d’origine arménienne

Suite à l’assassinat de l’officier SS chargé du STO et à l’arrestation et la torture d’un autre FTP, la police française arrive à démantèler et arrêter le groupe en entier à la fin de 1943. Le procès a lieu à Paris début février 1944.

L’affiche au fond rouge présente les portraits, organisés en triangle, de dix membres du groupe avec leurs noms (choisis en raison de leurs consonnances étrangères) et les « crimes » qui leurs sont reprochés (attentats, déraillements). Pointées par le triangle, six autres photos illustrent les attentats et destructions qui leurs sont attribués, et le slogan « Des libérateurs ? La Libération par l’armée du crime ! » encadre le tout.

Le tract qui accompagne l’affiche revendique :

“Si des Français pillent, volent, sabotent et tuent… Ce sont toujours des étrangers qui les commandent. Ce sont toujours des chômeurs et des criminels professionnels qui exécutent. Ce sont toujours des juifs qui les inspirent. C’est l’armée du crime contre la France. Le banditisme n’est pas l’expression du Patriotisme blessé, c’est le complot étranger contre la vie des Français et contre la souveraineté de la France.”

 L’iconographie utilisée fait passer le groupe Manouchian (qualifié de bande) pour des criminels, des terroristes en les montrant hirsutes, agressifs (le triangle, le fond rouge, les photos de destruction). La propagande pointe du doigt l’ennemi de l’intérieur : le juif, l’étranger, le rouge (à ce propos, on pourra se dire que le temp passe, mais beaucoup de saloperies ne changent pas).

L’affiche est largement imprimé en 15 000 exemplaires placardées sur les murs des villes et villages de France dans le mois du procès. Elle n’a alors pas l’effet escompté par les services de propagande vychistes. Les portraits des résistants suscitent la sympathie, des fleurs sont déposées devant et les bandeaux « mort pour la france », « martyrs », « l’armée de libération » y sont ajoutés par des anonymes.


(cliquez sur les photos pour agrandir la gallerie)

Déclarés coupables et condamnés à la peine capitale à l’issue du procès, vingt-deux membres du groupe Manouchian sont fusillés le lendemain du verdict, le 21 février 1944, au Mont Valérien, Olga Bancic, seule femme du groupe est décapitée à Stuttgart le 10 mai de la même année (le code de la Wehrmacht interdit de fusiller les femmes). Ils reposent au cimetière d’Ivry en banlieu parisienne. Ils ont alors entre 18 et 44 ans.

Aragon s’inspire de la dernière lettre de Missak Manouchian à sa femme Mélinée, écrite de Fresnes le jour de son exécution, pour composer Strophes Pour Se Souvenir en 1955. Ce poème sera mis en musique par Léo Ferré en 1959 et publié en 1961. Reprise par beaucoup, elle reste une chanson forte pour moi.

Le cinéma s’est également intéressé à cette histoire, avec un film en 1976 de Frank  Cassenti (visionnable sur le net), l’Affiche Rouge, et en 2009, avec l’Armée du Crime de Robert Guédiguian (plus d’info ici).

Et c’est lors d’une balade dans cette banlieue rouge de Paname, sous un soleil de février, guidé par la voix de Ferré, je suis passé voir ce cimetière. Les croix jouxtent les tombes juives et musulmanes. Beaucoup décorées par une cocarde, beaucoup de plaques commémoratives de résistant-e-s tombé-e-s sous les coups de l’occupant nazi et des sbires du gouvernement de collaboration. Un monument et les tombes rappellent que ces hommes et femmes sont tombés en défendant la liberté et leurs idéaux.


(cliquez sur les photos pour agrandir la gallerie)

 

 

Léo Ferré – L’affiche rouge.

La Compagnie Jolie Môme – Sans la Nommer
en hommage aux FTP-MOI avec la lecture de la dernière lettre de Missak Manouchian à Mélinée, sa femme.

 

Dans les années 1990 du coté de Marseille, un groupe de résistant antifasciste s’inspire et reprend le nom de Francs Tireurs Partisans en promouvant la « lutte armée antifasciste ». Ils revendiquent leurs actes en baptisant leurs « unités combattantes » de noms de résistant FTP exécutés par les nazis. Deux membres, Yves Peirat et William Ferrari, seront arrétés et condamnés à une peine de prison en 2001. REFLEXes publie une analyse en 2002. Ya Basta leur dédie un titre en 2004.

 

-Blue

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