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Péché mortel

Péché mortel

Une BD de science-fiction, ce n’est pas ma tasse de thé  –mais ici pas de soucoupes volantes et d’extra-terrestres à antennes- alors parlons plutôt d’anticipation. Je l’ai découverte en 1997 avec un double intérêt : l’histoire se déroule à Strasbourg et le sujet évoque une pandémie liée à une MST dans un contexte d’accession au pouvoir d’un parti néo-fasciste aux troublantes ressemblances avec le FN… autant dire qu’en cette année 97 marquée par LA manifestation antifasciste de la décennie contre le congrès européen des partis d’extrêmes droites la thématique était parlante.

Péché mortel de Béhé et Toff chez Vents d’Ouest

Une BD de science-fiction, ce n’est pas ma tasse de thé  –mais içi pas de soucoupes volantes et d’extra-terrestres à antennes- alors parlons plutôt d’anticipation. Je l’ai découverte en 1997 avec un double intérêt : l’histoire se déroule à Strasbourg et le sujet évoque une pandémie liée à une MST dans un contexte d’accession au pouvoir d’un parti néo-fasciste aux troublantes ressemblances avec le FN… autant dire qu’en cette année 97 marquée par LA manifestation antifasciste de la décennie contre le congrès européen des partis d’extrêmes droites la thématique était parlante.

Mais c’est en 1989 que le 1er tome sort en librairie et nous nous rappellerons qu’en 89, nous sommes (déjà) en pleine progression du FN –mais à l’époque il existe une vraie dynamique populaire antifasciste-  et nous nous souviendrons avec effroi que l’épidémie de SIDA-VIH était à son paroxysme posant d’énormes questions de société mais aussi personnelles quant à sa sexualité, ses prises de risques, sa manière de consommer des substances… Graphiquement il est drôle de souligner l’interaction entre un univers futuriste (mais pas trop, nous pourrions être en 2000) et des éléments –notamment vestimentaires et capillaires- purement 80’s.

couverture du livre

Pour faire face à la pandémie de VRH la société s’est fascisée (Sécurité, Santé, Sauvegarde !) et impose un contrôle des mœurs radical (obligation de test pour déceler les propagateurs, création d’une milice armée ultra-violente, internement d’office dans des prisons sanitaires, obligation de porter papier d’identité justifiant de la vie de couple ou le célibat  afin de déterminer le droit à être accompagner d’une personne de sexe opposé…). Le centre-ville de Strasbourg est cerclé d’un mur infranchissable où sont déportées les personnes infectées où règne la pénurie –et donc la sauvagerie mais également les soubresauts de la résistance armée. L’idée n’est pas vraiment surréaliste puisqu’à l’époque, l’extrême droite évoquait la création de « siderarium » où seraient enfermés les malades afin de sauvegarder la pureté des non-infecté.e.s.

L’histoire nous amène également dans les coulisses des laboratoires pharmaceutiques de connivences avec les pouvoirs politiques pour maintenir une tension sociale. La BD tourne au roman avec ses histoires d’amour, ses trahisons… faut dire que dans sa réédition de 2010, l’intégral fait 223 pages !

Outre le plaisir de découvrir au fil des pages des rues, des quartiers, des détails architecturaux de Strasbourg l’aspect d’anticipation m’a vraiment botté notamment avec les nombreux artefacts qui illustrent la BD. Ils étaient d’ailleurs plus nombreux dans la version originale et sont (malheureusement) remplacés dans la nouvelle édition par un avant-propos de Georges Federmann (vous savez le psychiatre qui explique que les lapins sont nazis… pour celles et ceux qui étaient là lors de sa conférence au CAJ Molodoï organisée par la CNT). Le texte rappel quelques éléments en lien avec la géographie et l’histoire de la BD : Strasbourg et ses institutions européennes qui organisent militairement ses frontières pour stopper les flux migratoires, Strasbourg et son centre de rétention pour enfermer les migrant.e.s, Strasbourg et la médecine, une histoire parfois trouble (c’est la marotte de Georges), Strasbourg sa cathédral et sa Zehnerglock etc. Bref, un truc un peu plus grand public que les faux documents administratifs créés par l’auteur pour crédibiliser son histoire. Seuls deux ont été reproduits : un carnet de dépistage du VRH, nominatif et ultra tamponné (par le contrôleur du ministère de l’information, prévention, sécurité et le service sanitaire inter-armée du district nord de Strasbourg !) ainsi qu’un extrait de l’ordonnance n°96-751 du 16 août 1996 portant diverses mesures destinées à renforcer la lutte contre le virus VRH, celle-là même qui est signée du secrétaire d’Etat chargé de la surveillance des mœurs et qui autorise la milice à faire usage de ses armes dès qu’elle le jugera utile

tricotin

Les infos utiles

Titre : Péché mortel
Scénariste : Toff
Dessinateur : Joseph Béhé
Date de parution : 21 avril 2010 |ISBN :  978-2749305332

 

-Tricotin

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